Il y a quelques semaines, mon père a été violemment agressé et laissé pour mort. Depuis, il est plongé dans le coma. Son visage était tellement tuméfié que c'était difficile de le reconnaître. Il était si méconnaissable, recouvert de plâtre de la tête aux pieds... Tout ça à cause de ses jeux et de ses grosses pertes. Il a mis en gage la maison où je vis, celle de ma grand-mère, qui est dans notre famille depuis plusieurs générations. C'était le trésor de ma grand-mère, son seul souvenir précieux après la mort de ma mère quand j'avais quinze ans, suivie l'année suivante par mon grand-père, ce qui, a encore plus brisé le cœur de ma grand-mère. Je ne voulais pas la laisser partir dans un hospice, donc je suis resté avec elle, veillant sur elle jusqu'à son dernier souffle, ici même, dans cette maison qu'elle aimait tant. Dans son testament, elle me l'a léguée et m'a écrit une lettre me demandant de ne jamais la quitter. Je veux respecter sa volonté, et j'adore cette maison... Mais maintenant, mon père l'a mise en gage, et des hommes sont venus me menacer de quitter les lieux. J'étais désespéré, ne sachant pas quoi faire, même si je gagne bien ma vie... Puis Robbie est apparu, comme par miracle, et m'a tendu la main. D'habitude, je ne l'aurais jamais acceptée, mais là, dans ma détresse, j'ai accepté son aide. Sans le savoir, j'ai vendu mon âme au diable. Il m’a juste dis que je lui serais redevable et comme un con j’ai dis oui, sans penser une minute à ce qu’il allait me faire subir…

Je suis assis sur mon canapé en regardant un film quand Robbie m'appelle sur mon téléphone, me demandant de venir chez lui immédiatement et de rentrer directement. Il doit y avoir quelque chose de grave. J'arrive chez lui et fais comme il me l'a dit. Je remarque un vase brisé à l'entrée. « Y a quelqu'un ? » Robbie apparaît avec un grand sourire.

- Léo, mon ami... Je t'ai appelé parce que Mia s'est coupée. Ce n'est pas joli à voir, tu pourrais la recoudre ? Je ne veux pas l'emmener à l'hôpital pour ça, alors qu'on a un voisin médecin...

Je fronce les sourcils, mais je garde le silence et le suis jusqu'à Mia qui est assise sur le canapé du salon et semble plus que bouleversée. « Mia, vous allez bien ? » Je ne la connais pas vraiment, en dehors des salutations habituelles et de petites discussions lors des barbecues du quartier.

- Oui, oui ! Elle a fait une scène et a cassé le vase, elle s'est coupée. Tu pourrais la recoudre, je dois passer un appel important..

Robbie répond à sa place. Je reste un peu troublé, mais qui n'a jamais eu de disputes de couple, après tout ? Je fais un petit oui de la tête et il me tends une trousse de secours et s’en va dans une pièce qui je présume est son bureau. Je m'installe à côté de Mia. « Je peux voir ou vous avez mal ? » Je lui souris tendrement avant d’ouvri la trousse de secours.

J'ai fait une bêtise et pour le coup, Robbie a du me corriger pour m'aider à comprendre mes erreurs. J'ai lavé une de ses chemises dans la machine alors qu'elle se lave à sec et pour le coup elle a rétréci et ensuite, quand j'ai voulu préparer le repas, j'ai vu que des légumes étaient pourris alors que je les ai acheté la veille. Robbie a du m'expliquer que je devais faire plus attention pour ne pas jeter l'argent par les fenêtres. J'ai tenté de lui dire que les légumes ne dataient que de la veille mais c'est là qu'il a décidé de me corriger. Il a raison. Je dois mieux choisir les légumes, je dois lire les étiquettes de ses vêtements... Deux erreurs en une même journée c'est beaucoup trop pour une femme au foyer depuis si longtemps. Je devrais savoir faire attention à ce genre de choses. Il m'a giflé, tiré les cheveux. Et j'ignore ce qui s'est passé ensuite. J'ignore pourquoi il m'a corrigé un peu plus fort... Il s'est arrêté, a regardé son téléphone et m'a fracassé un vase qui a explosé sur mon dos. Sa main est venue s'écraser sur mon dos. Un débris de verre s'est enfoncé dans mon dos. Il était coincé entre une grosse surface du vase et mon dos. Froidement, il m'a demandé d'aller me nettoyer et de changer de haut. Il m'a suivi et quand j'ai retiré le haut il m'a finalement aidé à retirer le bout de verre et le sang. Il m'a demandé de me changer et m'a prévenu qu'il allait appeler notre voisin. Il m'a clairement fait comprendre que je devais dire que c'était un accident car je suis maladroite. Je lui ai souri avec amour en lui disant que c'était la vérité. Une fois avec un nouveau haut sur le dos, haut bien vite tâché, je vais m'assoir dans le canapé en veillant à ne pas toucher le dossier afin de ne pas le tâcher.

Notre voisin finit par arriver. Je lui souris, gênée et baisse ensuite la tête. Robbie répond à ma place. Il m'a dit de dire que c'est arrivé parce que je suis maladroite mais finalement il annonce que c'est parce que j'ai fait une scène... Je vais devoir broder autour de ça... Robbie disparaît bien vite et je me retrouve seule avec cet homme. Robbie m'a parlé de lui, un gentil gay médecin. Je ne l'ai que rarement croisé.

- Euh oui oui... C'est dans le dos... Je crois vers l'omoplate. Je suis si maladroite... Merci de me soigner, c'est gentil de votre part.

C'est son métier mais peut-être qu'il ne travaille pas... Je n'aime pas déranger les gens. Et surtout, j'ai si peur qu'il pense que ce soit mon époux qui m'a fait cela... Il ne faut pas qu'il croit ça... Surtout pas. Je ne veux pas que Robbie ait de problèmes...

Je m'approche de Mia avec une attitude rassurante, faisant taire mes interrogations pour me concentrer sur son bien-être. Je m'installe près d'elle et esquisse un sourire doux tandis que Rob quitte la pièce, nous laissant seuls. Les gants stériles en main, je les enfile soigneusement tout en demandant à Mia de soulever son haut pour que je puisse inspecter la blessure. Avec une obéissance silencieuse, elle révèle une coupure profonde marquant son omoplate. « Vous allez ressentir un léger picotement, Mia. Je vais commencer par nettoyer la plaie » je murmure, tentant de la tranquilliser. Attrapant une bouteille d'alcool désinfectant, je verse avec précaution une petite quantité sur une compresse stérile. Le liquide imprègne rapidement le tissu, prêt à être appliqué. D'un geste doux mais déterminé, je commence à tamponner délicatement la zone autour de la coupure.

Je fronce les sourcils, intrigué par la profondeur et la localisation de la plaie. La blessure est plus profonde que je ne l'avais imaginé... Mon esprit est partagé entre le soin que je lui fais et des questions. Pourquoi Robbie n'a-t-il pas simplement emmené Mia aux urgences ? Cela aurait été mieux. Je sais que ce n'est certainement pas une question d'argent. Alors pourquoi ? Je veux dire, il connaît mon métier, je suis obstétricien, c'est un soin inhabituel pour moi, plus habituée aux salles d'accouchement qu'aux urgences mineures. Je sais que je peux nettoyer des plaies, mais l'accouchement est ma spécialité. Les césariennes sont les seules interventions chirurgicales que j'effectue régulièrement. Puis, une question qui glisse naturellement de mes lèvres : « Ça doit être douloureux. Comment est-ce arrivé exactement ? Je veux dire, c'est assez spécial qu'un bout de verre vient se loger a un tel endroit.. » Mon ton reste calme et professionnel, bien que l'idée qu'elle ait pu se blesser si profondément à un endroit aussi peu accessible par accident m'interpelle.  Malgré mes doutes, je garde mon attention concentrée sur le nettoyage de la plaie. L'alcool désinfectant picote légèrement, mais Mia reste stoïque, peut-être qu'elle est pas de nature "douillette".

Je suis un peu surprise que Robbie ait demandé de l'aide à notre voisin mais il doit avoir confiance en lui et puis c'est un médecin... Il va pouvoir me soigner efficacement. Mais cela me gêne un peu d'être soignée par un homme. Je n'aime pas trop qu'ils me touchent et qu'il puisse y avoir un malentendu... Pourtant, je sais que si Robbie l'a choisi, ce n'est pas pour rien. Notre voisin est gay et donc il n'aura pas de gestes déplacés. Mon époux a totalement confiance en moi, c'est envers les autres hommes que lui et moi n'avons pas confiance. Je me retourne lentement après lui avoir indiqué où se trouve ma blessure et je lève mon haut jusqu'au niveau du cou dans mon dos. Par contre vers l'avant je baisse un peu mon haut pour cacher ma poitrine. Lever les bras afin de bien placé le haut est douloureux mais je ne grimace pas, je ne dis rien.

- Il n'y a pas de souci, ne vous en faites pas.

J'attends sans bouger qu'il commence à nettoyer. Je reste muette et fixe un point en face de moi. Je suis soulagée de ne pas être obligée de le regarder et surtout de ne pas le voir agir. Il commence ensuite à nettoyer ma plaie. Il n'y a aucune réaction de ma part. Pas un geste, pas un son, rien. Et Léo le constate car il parle de la douleur. Il ne peut pas savoir que je suis habituée à avoir mal et je mérite totalement cette souffrance. Mon tendre époux n'a pas le choix... Il doit me corriger, m'aider à évoluer vers une femme parfaite. Je dois m'améliorer encore et encore. Alors la souffrance fait partie de ma vie et je m'y suis plus ou moins habituée. Il semble douter de mes mots, il tente de savoir comment tout cela est arrivé... Je vais devoir hélas mentir... Je n'aime pas cela mais je dois protéger mon couple, je dois protéger mon mari...

- Il faut dire que je suis très maladroite. Je me suis un peu emportée et j'ai lâché le vase qui s'est brisé au sol. En voulant aller chercher de quoi tout ramasser, j'ai fait quelques pas et j'ai ensuite trébuché. Je suis tombée sur le dos. Il devait y avoir un morceau du vase qui a glissé un peu plus loin et je suis tombée dessus.

Je pense que c'est une bonne excuse, cela semble plausible. Le vase éclate, des morceaux s'éparpillent, un glisse un peu plus loin des autres et c'est sur lui que je serais tombée... J'espère qu'il va me croire et qu'il ne va pas s'imaginer des choses...

Robbie me laisse donc seul avec sa femme et s'éloigne sans se retourner. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé, juste une dispute qui a mal tourné visiblement, ou plutôt un caprice de la jeune dame. Je ne l'imaginais pas comme ça, mais bon... Je n'ai jamais vraiment été en couple ni vécu avec quelqu'un, donc il est possible que cela dérape. Après tout, quand je vivais avec mes sœurs et mon frère, il y avait souvent des disputes et du verre cassé.  La profondeur de la blessure et son emplacement me semblent toutefois assez étranges. Je l'avertis donc que cela va sans doute picoter, et elle me répond qu'il n'y a aucun souci. C'est important de nettoyer correctement la plaie pour éviter toute infection. Je continue de tamponner la coupure, prenant soin d'être aussi délicat que possible. Elle ne bronche pas, ne montre aucun signe de douleur. C'est impressionnant. Je ne peux m'empêcher de le lui dire. « Vous êtes vraiment courageuse, vous savez. Beaucoup de gens auraient du mal à rester aussi stoïques. » Je tente de détendre un peu l'atmosphère, mais mes pensées restent embrouillées. Je finis par lui demander comment elle s'est blessée à cet endroit précis.

Je l'écoute attentivement me parler de sa maladresse et de sa chute sur le dos. Je reste silencieux un moment, absorbant les explications de Mia. Son histoire tient la route après tout, puis pourquoi mentirait-elle ? J'attrape une pince stérile de la trousse et commence à retirer doucement les petits éclats de verre encore présents dans la plaie. Les éclats de verre reflètent brièvement la lumière avant de tomber dans le plateau en métal à côté de moi. « Vous savez, Mia, ça arrive à tout le monde d'être maladroit... Ça me rappelle ma mère. Une fois, elle s'est brûlée en attrapant une casserole chaude sans gants. Au lieu de la poser immédiatement, par réflexe, elle l’a attrapée avec l'autre main. Résultat : les deux mains brûlées. Rien de trop grave, heureusement. Elle a juste dû porter des bandages pendant dix jours. » Je ris doucement. « Mon père a dû préparer les repas, et c'est un très mauvais cuisinier... Ça nous a valu quelques jours de repas très créatifs, disons. » Je ne peux m'empêcher de repenser à ma mère et de sourire bêtement, tout en enlevant les éclats de verre restants. « Vous savez, si cela vous arrive encore, la prochaine fois, n'hésitez pas à aller directement aux urgences. C'est toujours mieux de faire vérifier ce genre de choses par des spécialistes. Moi, je ne suis pas ce genre de médecin... Bien que, je sais le faire ! » J'essaie de la rassurer, qu'elle n'aille pas s'imaginer que je ne sais pas ce que je suis en train de faire. Avant chaque spécialisation en médecine, on étudie les bases, un minimum quand même. Puis avec toutes les césariennes que je fais, je peux dire que les cicatrices, ça me connait !

Je suis vraiment très mal à l'aise de passer du temps seule avec un homme. Ce qui me rassure c'est que Robbie n'est pas trop loin et pourrait revenir à tout moment. Après, je ne risque rien avec Léo, il n'aime pas les femmes et ne cherchera donc pas à me charmer et il semble être un homme droit et sérieux et donc prendre en compte que je suis mariée. Je me sens également mal à l'aise car je dois mentir sur le pourquoi je suis blessée. Je ne suis pas vraiment douée pour faire cela mais là... Je n'ai vraiment pas le choix pour protéger mon époux. Il commence alors les soins et je ne réagis pas. Il est important de ne pas crier de douleur, de ne pas me débattre ou de faire quoi que ce soit qui pourrait montrer que je n'apprécie pas ce qui se passe. Souffrir pendant que je suis soignée est la continuité de mon apprentissage pour devenir une meilleure femme. Je me mord juste un peu la langue dans la bouche mais cela ne se voit pas. Je ne suis pas habituée aux compliments... Cela me gêne beaucoup...

- Je vous remercie. Mais je pense que c'est normal. Il ne faut pas que je bouge pour vous laisser faire votre travail.

Si je bouge, il ne pourra pas me soigner correctement... Et Robbie pourrait ne pas être content de son travail, ce que je ne veux pas... Finalement, ma crainte se réalise... Il me questionne sur ce qui s'est passé réellement. Je me retrouve donc bel et bien obligée de mentir... Je sors une excuse qui me semble totalement plausible. Je pense que cela pourrait arriver. Et il semble me croire. Je suis totalement soulagée. Désormais, je vais croiser les doigts pour qu'il ne questionne pas Robbie... Oh lala... Il retire des bouts de verre et c'est vraiment douloureux... Mais je reste toujours stoïque. Je ne dois rien laisser transparaitre.

- J'espère qu'elle n'a pas trop souffert et qu'elle s'en est vite remise. C'est dommage que vous n'ayez pas pu manger ses plats durant quelques jours.

J'ai failli lui dire que moi aussi je me suis un jour brûlée avec une casserole mais cela est personnel et je n'ai pas à m'étaler sur ma vie... Je connais ma place et je la tiens. Il m'annonce que la prochaine fois je devrais aller aux urgences. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Dois-je mentir ? Je ne peux pas... Je ne peux pas dire que je n'aime pas les hôpitaux car je m'y rends régulièrement pour aller voir les enfants malades... Et je l'ai déjà croisé là-bas. Qu'est-ce que je peux répondre ?

- Je suis désolée qu'on vous ait dérangé alors que ce n'est pas votre spécialité. Mon époux voulait agir au plus vite. J'ai un petit peu paniqué en sentant la douleur et en voyant le sang. Mais j'irais la prochaine fois, si prochaine fois il y a.

Et il y a aura surement... Cependant je n'irais pas à l'hôpital... Ce serait bien trop risqué pour mon couple...