Milo → Pâtisserie, imprévus, et autres leçons de vie

C'est drôle comme on peut passer une vie à se chercher sans jamais trop savoir où l’on va, non ? Tu te dis souvent que tu n’as pas choisi la voie la plus simple. Mais en même temps, facile, ça n’a jamais été ton truc. Toi, t’as toujours eu cette envie d’aller au bout de tes rêves, de te salir les mains, de brûler les étapes sans filet.

Enfant, t’étais déjà ce gamin curieux, les yeux ouverts sur le monde. Avec ta petite sœur, née à peine dix mois après toi, on vous prenait pour des jumeaux. Même énergie, même complicité, comme si vous aviez un secret que seuls vous pouviez comprendre. Elle était ta complice dans les bêtises, ton double dans les rires, et même maintenant, alors que vos chemins se sont séparés, elle reste ce petit bout de famille que tu as toujours voulu protéger, ce rappel que peu importe où tu vas, il y a quelqu’un quelque part qui te connaît vraiment.

Et tes parents… Passionnés eux aussi, à leur façon. Ils t’ont toujours dit de faire ce que tu aimes, d’écouter cette petite voix intérieure, même si ça te menait dans des directions inattendues. La cuisine, tu l’as aimée pour son côté tangible. Pas de discours creux, juste du travail, des saveurs, et des émotions brutes sur une assiette.

Puis il y a eu elle, ton premier grand amour. Tout allait bien, jusqu’à ce que tu comprennes qu’elle ne serait pas là pour partager le reste du chemin. Celle que tu pensais être la bonne. Elle te faisait rire, te comprenait sans parler, la parfaite alchimie. Vous aviez des projets, un avenir, tout ça semblait tellement vrai. Jusqu’au jour du mariage.

Tu y repenses encore, cette scène gravée, figée dans le temps : toi, debout devant l’autel, dans ce smoking qu’elle avait choisi, entouré de visages familiers, souriants, complices. Sauf qu’elle, elle n’était pas là. Les minutes passaient, puis les heures, jusqu'à ce qu’il soit impossible de nier l’évidence : elle ne viendrait pas. Retour à l’appartement, ce silence lourd, et là, sur la table, une alliance et un mot – "Pardon." Juste ça.

Tu l’as cherchée, bien sûr, désespérément, pendant des mois. Tu ne pouvais pas croire qu'elle puisse disparaître comme ça, s’effacer de ta vie comme si tu n’avais jamais existé pour elle. Mais c’était le cas. Elle était comme évaporée, et toi, tu as dû te résoudre à accepter l’inacceptable. Cette histoire t'a brisé un peu, a fait tomber des murs dont tu ignorais l’existence. Et quand tu as décidé de tout quitter, tu as atterri à Glenshade, un endroit où recommencer, en laissant l’ancien toi quelque part à Boston.

Deux ans plus tard, te voilà chef pâtissier, ayant reconstruit un semblant de stabilité. Tu ne cherches plus la même chose, c’est vrai, mais tu continues, avec cet amour inaltéré pour la cuisine, et cette sensation de vide que rien ne semble combler. Et puis, Rachel. Juste une nuit, un moment volé.  Une soirée avec des inconnus, un échange spontané, une histoire d’une nuit. C’était inattendu, mais honnête. Rien de bien compliqué, du moins en apparence. Elle t’a parlé de ce que tu fais, de la farine sur tes manches, et tout s’est enchaîné. Elle n’a rien mentionné de sa vie, tu ne savais pas qu’elle avait quelqu'un d'autre. Pour toi, ça n’était qu’un moment de partage dans une vie où tu pensais ne plus attendre grand-chose.

Mais voilà, elle est enceinte, et tu pourrais être le père. Ce n’est pas le genre de situation que tu aurais imaginée, et pourtant… Quelque chose te pousse à ne pas rester en retrait, à ne pas disparaître comme ta fiancée l’a fait. Parce que si c’est ton enfant, tu veux être là. Tu veux t'assurer qu'il ou elle ait une place, un soutien, tout ce que toi-même tu as eu la chance de connaître. Et t'as toujours aucune idée qu'elle a un mec, qu'elle en avait un cette nuit là, sinon jamais tu n'aurais été intime avec elle...

Alors, qu’est-ce que tu fais là, Milo ? Peut-être que tu cherches des réponses. Peut-être que tu veux te prouver quelque chose. Peut-être que tu veux juste enfin être quelqu’un sur qui on peut compter, toi qui as trop longtemps cherché à fuir ce qui faisait mal.